ABERNUNCIO
compagnie
IN HEAVEN, EVERYTHING IS FINE
Du fond du sous-sol où il vit reclus depuis des années, un rêveur solitaire ressasse le souvenir d’une brève rencontre – fantasme recuit d’une vieille idylle où, sous l’apparente noblesse des sentiments et dans la pureté présumée des cœurs, s’agitent les plus secrètes, les plus cruelles et les plus ordinaires passions humaines.
Récit sentimental d'une brève et déchirante idylle, « Les nuits blanches » de Dostoïevsky est l'un de ces textes horripilants et fascinants auxquels on a envie d'ouvrir le ventre: les fantômes et les monstres qui y rôdent, à peine voilés sous la surface, laissent entrevoir d'effrayants et attirants abîmes. Il faut sans doute la lumière crue des « Carnets du sous-sol », rédigés quelque vingt ans plus tard, pour les porter au jour: dans cette vitupération pathétique, s'exprime toute la douleur d'une âme blessée, en quête inlassable de la vérité. Du mariage contre nature de ces deux textes ne peut vraisemblablement naître qu'un monstre - mais le théâtre n'est-il pas, par définition, l'arène de nos monstres?
Travaillant donc tout d’abord à une enième adaptation scénique des seules « Nuits blanches », j’ai très vite ressenti la nécessité d’appeler à la barre de ce procès des faux-semblants un Dostoïevsky plus mûr, plus éprouvé, plus sincère peut-être – du moins dans la mesure où celui-ci entendait qu’on pût être sincère. Un cauchemar burlesque où s’expriment la violence des corps et des sentiments tout comme l’inquiétante étrangeté de nos démons les plus familiers : voici tout ce que ce spectacle se propose de mettre en lumière – et en ombres.
Eric Herson-Macarel.
Production Abernuncio
Auteur Eric Herson-Macarel, d’après F. M. Dostoievsky (Les nuits blanches et Les carnets du sous-sol)
Metteur en scène Eric Herson-Macarel
Jeu Anthony Boullonnois, Sophie Dufouleur, Gilles Kneusé
Lumière Anais Souquet
Costumes Juliette Gaudel
Son Alexis Debaye
Décor Matthieu Lascols